La logistique, une fonction transversale

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Les activités logistiques

La logistique est un ensemble de services nécessaires à la fabrication des produits et à leur commercialisation sur un territoire donné. Elle est définie par l’OFEM (Observatoire de la Formation, de l’Emploi et des Métiers) de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, comme « l’ensemble des moyens et des méthodes touchant à l’organisation d’un service et aux flux de matières avant, pendant et après une production ; et comme la mise à disposition des produits à l’endroit prévu, en quantité et dans les délais demandés, et au meilleur coût ».

Ainsi, assurer la logistique d’un produit, c’est prendre en charge un processus qui participe à la maîtrise des flux physiques, à la coordination des ressources et des débouchés en cherchant à obtenir un service au coût le plus faible.

Les activités de la logistique concernent les domaines de la production, des approvisionnements, du stockage et de la distribution. Elles s’exercent majoritairement dans les entreprises industrielles et commerciales, mais également chez les prestataires logistiques et au sein de sociétés de conseil.

Ces activités sont aujourd’hui confrontées à l’intensification de la concurrence et à l’élargissement sur le plan européen des règles de fonctionnement social et économique. Par ailleurs, les avancées technologiques font rapidement évoluer les équipements de transport, de manutention et de stockage. Ces changements économiques et techniques se traduisent par des concentrations d’entreprises, des nouveaux besoins des clients et par l’arrivée sur le marché de nouveaux prestataires logistiques et opérateurs de transport. Enfin, les inquiétudes sociales en matière de sécurité, de sûreté et d’environnement s’ajoutent aux tensions en matière d’emploi et de recrutement.

Ces différentes mutations ont un impact important sur l’évolution des métiers de la logistique et du transport, et notamment en termes de qualification et de compétences requises. Les cadres interviennent au niveau de l’organisation des flux physiques et de l’organisation des hommes ; au niveau de la fabrication, de la conception à la diffusion des produits ; au niveau du transport et des contraintes techniques de la distribution des produits.


Les bâtiments logistiques

Différence entre plateforme logistique et entrepôt 

La plateforme logistique

Une plateforme logistique est un lieu où convergent les colis qui proviennent de différents fournisseurs. La marchandise est déjà emballée, et les colis ne font que transiter. Ils passent directement de la plateforme de déchargement vers la plateforme d’expédition. Et cela peut se faire uniquement par l’étiquetage. Les plateformes sont donc dans un flux logistique appelé « cross docking ». En effet, les colis sont redirigés plus facilement d’une plateforme à une autre, et cela permet d’améliorer la gestion globale des flux logistiques. Cette méthode permet aussi de supprimer la préparation de la commande.
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Le cross docking est une façon de préparer les commandes en se passant des parties stockage de marchandise en entrepôt, mais aussi du picking.

Grâce à leur étiquetage, les colis sont rapidement identifiés pour être réexpédiés le jour ou le lendemain de leur arrivée. Sur la plateforme logistique, les colis ne restent pas plus de 24h, ce qui est extrêmement rapide. Une plate-forme n’aura pas de support de stockage, les marchandises restent sur le quai de chargement/déchargement dans l’attente de leur prise en charge et de leur réexpédition. Ce système est particulièrement utilisé pour la livraison de colis urgents et il n’y a donc aucun stockage. Les plateformes logistiques se différencient donc des entrepôts pour cette raison. Ces plateformes peuvent être créées par une entreprise pour mieux gérer son flux de commande ou gérer directement par des entreprises spécialistes dans la logistique.

Les colis sont regroupés soit par destinataire, soit par lieu de destination sur une plateforme. Cette plateforme leur sert de lieu de transit. Dans le premier cas de figure, les produits sont déjà conditionnés et groupés par destinataire final. Pour le deuxième cas de figure, il faudra regrouper les colis sur la plate-forme pour constituer un lot avant réexpédition au point de livraison final. Dans l’un ou l’autre des cas, il convient de procéder au groupage et dégroupage, le plus rapidement possible. Ils passent ainsi d’un transport A à un transport B dans un délai extrêmement court.


L’entrepôt

À la différence d’une plateforme logistique, l’entrepôt est un lieu dans lequel les marchandises sont stockées plus de 24 heures. Ces entrepôts sont munis d’étagères, qu’on appelle aussi « racks » pour le rangement des matières premières, des fournitures ou des produits finis. Ils sont ensuite conditionnés en format palettes ou colis. L’entrepôt logistique est un lieu de stockage qui accueille tous types de produits notamment pour :

  • La réception et le contrôle du produit.
  • La mise en place des palettes dans la zone de stockage.
  • Le traitement des marchandises conditionnées sur palettes, en cartons ou à l’unité.
  • Le post-manufacturing : marchandises faisant l’objet d’étiquetage et d’emballage.
  • L’opération de chargement et de déchargement des produits.

Classification des entrepôts logistiques

Entrepôt Hauteur Aire de manœuvre Surface du quai Autres critères
Classe A : entrepôts de haute fonctionnalité > 9,3m Profondeur > 35m 1000m² Résistance au sol de 5t/m²,

Chauffage, système d’extinction

Classe B : entrepôts répondant aux standards modernes > 7,5m Profondeur > 32m 1500 m² Résistance au sol minimale de 3t/m²

Un système d’extinction

Classe C Cette catégorie inclut tous les entrepôts qui ne relèvent pas des classes A ou B

Selon LogistiqueConseil.org, un entrepôt classique représente une capacité de stockage de 1,2 à 1,5 palettes par m². La présence de racks dynamiques (chariots automatisés prélevant les palettes dans leur logement) permet d’augmenter cette capacité à 3 palettes par m². Les racks dynamiques permettent en effet de stocker sur des hauteurs beaucoup plus importantes et d’avoir des allées entre les racks plus étroites.

Organisation des bâtiments logistiques

Certains bâtiments logistiques sont conçus pour être d’un côté une zone d’entrepôt, et de l’autre côté une zone plateforme logistique. Ce cas est fréquent par exemple dans la grande distribution : les produits alimentaires secs sont stockés et ils sont envoyés au fur et à mesure du besoin du client alors que les produits frais sont traités dans la partie plate-forme logistique du bâtiment pour être livrés dans les meilleurs délais tout en gardant la fraîcheur des produits.

Les entrepôts sont classiquement organisés de la manière suivante :

  • une zone de réception et d’expédition ;
  • une zone de stockage découpée en trois parties, respectivement les produits à forte, moyenne et basse rotation. Ces produits sont disposés dans l’entrepôt de manière à minimiser les déplacements des caristes.

Une plateforme de cross-docking, où les marchandises ne font que transiter, est quant à elle habituellement organisée en :

  • une zone de réception ;
  • une zone d’expédition ;
  • une zone de stock tampon entre les deux.

Les plateformes logistiques de messagerie sont des locaux de distribution (groupage et dégroupage) de hauteur moyenne, avec des portes à quai en vis-à-vis sur toute la longueur du bâtiment.

Il existe également des bâtiments logistiques frigorifiques qui comprennent une isolation thermique et une source de froid qui leur permettent d’obtenir et de conserver une faible température (froid positif supérieur à 0 °C ou froid négatif inférieur à 0 °C). Les entrepôts et plateformes logistiques de 5000m² ou plus en 2018
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La surface moyenne des entrepôts et plateformes logistiques (EPL) varie avec le type d’activité de l’entreprise ou du groupe qui exploite ce dernier. Ainsi, les EPL du secteur du commerce de détail sont en moyenne plus grands : la part des EPL de 20 000 m2 ou plus est de 53 % en 2018 dans le commerce de détail, soit deux fois et demie celle des secteurs de l’industrie et du commerce de gros (21 %). Au sein de ces deux secteurs d’activité, environ la moitié des EPL de 5 000 m² ou plus a une surface inférieure à 10 000 m2. En nombre d’EPL de 20 000 m2 ou plus, le secteur du transport et de l’entreposage occupe la première place, loin devant les secteurs de l’industrie et du commerce de détail. Plus globalement, les établissements appartenant à des entreprises ou des groupes du secteur du transport et de l’entreposage exploitent 30 % des EPL de 5 000 m2 ou plus.

Principales opérations réalisées dans un bâtiment logistique

Pour les entrepôts de stockage, les opérations physiques nécessitent principalement des préparateurs de commandes et des caristes. La chronologie des opérations est la suivante :

  • Réception et contrôle de marchandises ;
  • Mise en place de palettes dans la zone de stockage de l’entrepôt ;
  • Traitement des marchandises à la palette, au carton ou à l’unité (dans le cas d’un traitement à l’unité, un réapprovisionnement et une préparation de commandes sont nécessaires) ;
  • « Post manufacturing » : dans certains entrepôts, des opérations de finition de la marchandise (étiquetage, emballage, coloris...) Sont réalisées ;
  • Chargement du véhicule.

Pour une plateforme de messagerie ou de « cross-docking », la marchandise est réceptionnée, triée puis rechargée. Les opérations physiques réalisées dans ce type d’entrepôt nécessitent des caristes et manutentionnaires (manipulant la marchandise en palettes ou en colis) : aucune tâche de préparation de commande n’y est réalisée.

Les trois éléments de l’information logistique

L’information logistique joue un rôle souvent fondamental dans la satisfaction du client. Cette information contribue au service attendu.

  • Le mode de passation des informations et principalement des commandes : la diversité des solutions proposées, si elle complique la saisie, n’en permet pas moins de garantir la bonne compatibilité de l’une d’entre elles avec le mode le mieux adapté à chaque client. Il faut alors prévoir des échanges fréquents par Internet, fax, téléphone, courrier, via des représentants pour saisir la moindre défaillance et y remédier rapidement.
  • La disponibilité de l’information sur le statut d’une commande en préparation ou en livraison est susceptible de répondre aux besoins spécifiques de contrôle et de sécurisation de certains clients.
  • Le traitement des litiges est enfin un point sensible pour lequel une information précise et rapide évite de nombreuses complications et des effets en chaîne.

Les caractéristiques des services logistiques

Le délai : importance du facteur temps

Le délai est la caractéristique centrale en logistique. Il a plusieurs significations :

  • délai de transport (du départ du camion à son arrivée chez le client ou à sa réception par le client),
  • délai de traitement de la commande, y compris le transport,
  • délai de traitement de la commande, hors transport.

Le respect du délai permet à la fois de satisfaire les clients et de limiter les coûts et les pertes de revenus pour le fournisseur. Ainsi sont détaillés pour calculer les temps de livraison : les contrôles à réception, les contrôles à la douane, l’établissement des documents juridiques, les préparations de palette, les coûts des entrepôts, des véhicules, etc.

La fiabilité

Si le délai est central dans les services logistiques, la fiabilité l’est autant. En effet, certains clients préfèrent une fiabilité sur le respect des délais moyens de livraison plutôt que des délais plus courts, mais variables.

Le délai moyen détermine pour le client son stock tournant qui lui permet de fonctionner entre deux livraisons. Il y ajoute un stock de sécurité, établi en fonction de la fiabilité du prestataire logistique.

Il peut alors être plus intéressant pour un client d’augmenter la durée de son stock tournant s’il peut réduire celle de son stock de sécurité.

Délai et fiabilité vont alors de pair. Un fabricant de voitures organisera sa production non plus en fonction de quantités décidées à l’avance, mais en fonction de commandes spécifiques pour un marché identifié, un délai imparti et une fiabilité assurée.

Le groupe Renault livre, par exemple, des pièces détachées sur un chantier en Afrique de l’Ouest pour la maintenance d’engins de travaux publics : c’est une commande précise qui devra être suivie tout au long de son acheminement et devant arriver dans un délai fixé par avance, afin d’éviter un arrêt des travaux sur le chantier. Toute erreur de documentation commerciale lors de l’expédition, toute avarie ou perte de ces pièces, et tout retard de livraison, auront des conséquences financières importantes. Ce processus fait appel à plusieurs acteurs de la logistique : commissionnaires de transport, transitaires, transporteurs, etc., la fiabilité est alors centrale.

La disponibilité

Cette contrainte constitue également le cœur de la logistique. La disponibilité représente la capacité à livrer des produits selon des besoins dans les délais et les conditions prévus sous peine de provoquer des ruptures de stocks pour le client.

Le risque commercial peut alors amener le client à annuler des commandes ou se détacher du fournisseur en cas de non-disponibilité des produits.

La qualité du transport et la conformité

Enfin, les commandes livrées doivent être conformes aux demandes des clients et ne doivent comprendre aucune erreur, issue notamment de leur préparation. De même, les produits doivent être livrés selon les règles inspirées par leurs caractéristiques :

  • le respect de la chaîne du froid pour les produits à température dirigée,
  • ou encore le respect de la stabilité pour les produits fragiles.

L’exemple de la grande distribution

La logistique à grande échelle est bien représentée par la grande distribution et par ses attentes prégnantes en matière de services logistiques. Il s’agit :

  • des livraisons multiproduits à grande fréquence : les attentes en matière de livraison de la part des grandes surfaces ont évolué vers une demande de livraisons régulières trois ou quatre fois par jour et par camion, par familles de produits, ce qui nécessite la mise en place de plateforme de cross-docking ;
  • de la mise en linéaire : la demande des magasins s’oriente sur la livraison de gondole déjà préparée, de la mise en place des produits dans le respect de l’image du magasin et en particulier des livraisons par univers de vente qui nécessitent des groupages préalables en provenance de multiples fournisseurs ;
  • du traitement des déchets et des emballages : l’obligation du retraitement des emballages conduit les magasins à attendre une réponse appropriée de la part des fournisseurs ;
  • du travail en flux tendus : en particulier pour les produits frais et ultra frais, les flux tendus sont nécessaires pour répondre aux exigences des consommateurs en matière de contraintes sanitaires et de fraîcheur des produits ; par exemple, des délais de livraison peuvent être ramenés à moins de six heures.

Ces besoins des hypermarchés, décrits ci-dessus, ont conduit aux évolutions de services logistiques. Ainsi, chaque nouveau besoin commercial engendre des évolutions organisationnelles et techniques dans la fonction logistique.

Les services logistiques ont cinq principales contraintes à respecter qui sont le délai, la fiabilité, la disponibilité, l’information continue et la qualité. En prenant l’exemple des produits frais, ces contraintes apparaîtront rapidement comme le cœur du fonctionnement de la logistique. Les produits frais sont, en effet, des produits intéressants car ils exigent deux conditions majeures pour être vendus :

1. le respect de la date limite de consommation qui entraîne la nécessité d’une livraison rapide,
2. la disponibilité pour assurer la réalisation rapide de la rotation des produits et du chiffre d’affaires.

Par ailleurs, la fraîcheur du produit est un argument essentiel du point de vue du consommateur. Plus la date limite de consommation sera éloignée du jour de l’achat, plus le produit sera jugé « frais » par le consommateur. Le respect de la date limite de consommation devient central dans l’activité du responsable logistique car, d’une part, elle entraîne une recherche d’amélioration constante de la date à laquelle les produits sont mis à la disposition des magasins, et, d’autre part, elle débouche sur la recherche de la minimisation des retraits de produits (pour date limite de consommation insuffisante) et donc sur l’optimisation de la rotation des stocks et approvisionnements en linéaire.

Ces deux objectifs apparaissent alors contradictoires avec le risque commercial de ruptures en linéaire. En effet, si l’objectif est d’avoir une date limite de consommation la plus éloignée possible, moins les stocks seront importants, plus la rapidité de livraison va devenir un élément essentiel et plus le risque de rupture augmentera.