« La Logistique Transport & TIC » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
|||
(6 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées) | |||
Ligne 36 : | Ligne 36 : | ||
* Tirer parti des avantages de la robotique | * Tirer parti des avantages de la robotique | ||
En tout état de cause, tous ces éléments conduisent à la logistique 4.0, c'est-à-dire à la mise en réseau et à l'interconnexion des différents systèmes de l'industrie. Une utilisation optimale des technologies de l'information et de la communication (TIC), par exemple, permet de gagner en efficacité grâce à l'automatisation et à une transparence accrue. La logistique 4.0 est une réponse à l'industrie 4.0. | En tout état de cause, tous ces éléments conduisent à la logistique 4.0, c'est-à-dire à la mise en réseau et à l'interconnexion des différents systèmes de l'industrie. Une utilisation optimale des technologies de l'information et de la communication (TIC), par exemple, permet de gagner en efficacité grâce à l'automatisation et à une transparence accrue. La logistique 4.0 est une réponse à l'industrie 4.0. | ||
==Les enjeux de la digitalisation == | |||
La logistique doit faire face à l’optimisation des processus d’acheminement des produits, afin de gagner en efficacité et de réduire les temps d’approvisionnement, et au conditionnement de manière adaptée la marchandise, pour s’assurer que les marchandises profitent des conditions de stockage adaptées pour être conservées en bon état jusqu’à la livraison au client. Elle doit également faire face à la conservation des matières premières ou produits finis le temps nécessaire, en ayant une bonne gestion des stocks et des flux pour disposer de la place suffisante au sein des sites de stockage. | |||
Elle doit être en mesure d’accéder rapidement aux produits pour les mettre rapidement à disposition en cas de commande, en automatisant les systèmes et en utilisant des moyens techniques de qualité.<br> | |||
Les grands enjeux du transport et de la logistique sont multiples. <br> | |||
* '''Gérer l’accélération des flux physiques''' | |||
L’e-commerce fait émerger de nouveaux enjeux de logistique et de transport. Plus nombreuses, les commandes requièrent tout autant de qualité pour satisfaire des clients en quête de rapidité. Afin de faire face à des flux de marchandises inédits, les entreprises doivent être en mesure de moderniser leurs entrepôts, de numériser davantage leurs données et d’exploiter les analyses prédictives de leurs outils pour limiter les erreurs.<br> | |||
Les flux se complexifient également avec des problématiques telles que la gestion des retours, ou reverse logistic. La bonne orientation des commandes est cruciale pour éviter les surcoûts et les efforts superflus. L’enjeu est donc de choisir les bons outils logiciels pour ne pas être débordé.<br> | |||
* '''Maîtriser les flux d’informations''' | |||
Les opérations de logistique et de transport impliquent l’intervention de plusieurs entreprises partenaires, entre lesquelles la communication doit être fluide et efficace pour garantir un bon traitement des commandes. Cet enjeu est particulièrement fort à une période où les entreprises les plus jeunes et connectées s’appuient sur la robotique et l’intelligence artificielle (IA) pour maîtriser seules l’ensemble de la chaîne logistique.<br> | |||
Pour les autres, la digitalisation doit se mettre au service de l’échange d’information. Si l’Echange de Données Informatisé, massivement employé jusqu’à présent, facilite le transfert d’informations entre commerçants et transporteurs, de nouveaux dispositifs plus innovants apparaissent. Ceux-ci permettent un accès direct par les transporteurs aux flux d’information des commerçants, assurant un traitement plus rapide des commandes et un taux d’erreur moindre. Pour les entreprises du secteur, il est essentiel d’exploiter les outils numériques récents dans ce sens.<br> | |||
* '''Une option de livraison pour chaque client''' | |||
Les consommateurs sont désormais habitués à disposer d’un grand nombre d’options lors de la livraison de leur colis. Le choix d’un mode de livraison pratique est d’ailleurs l’un des critères essentiels de satisfaction client. Retrait en magasin, en point relais, à domicile sont autant de possibilités que les entreprises doivent aujourd’hui être en mesure de proposer pour répondre aux exigences pratiques et économiques des clients finaux. Ces nombreux canaux de livraison doivent être pensés intelligemment et s’intégrer à une stratégie globale. Entre frais de livraison, délais d’envoi et gestion des retours, il s’agit de satisfaire — et par là même, de fidéliser — un maximum de clients.<br> | |||
* '''Une exigence de traçabilité et de transparence''' | |||
Le suivi du transport est désormais soumis à des contraintes d’information en temps réel. Pour certains secteurs plus sensibles en particulier — parmi lesquels l’industrie pharmaceutique ou l’agroalimentaire —, le traitement des marchandises s’accompagne d’obligations administratives rigoureuses. Les entreprises de logistique et de transport doivent être capables de garantir le parfait traitement des produits, d’offrir un suivi de chaque étape en temps réel tout en conservant une efficacité maximale. Confronté aux contraintes d’industries très spécifiques et hétérogènes, le secteur doit s’adapter et concilier de nombreuses applications différentes tout en limitant les erreurs.<br> | |||
* '''Un enjeu de réduction de la pollution''' | |||
Dans un contexte d’accroissement des volumes transportés, les entreprises du secteur doivent s’inscrire dans une démarche aussi écologique que possible. La notion de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et sa norme ISO 26 000 imposent une approche plus durable, parfois complexe à mettre en place pour les entreprises du secteur. Un référentiel spécifique au secteur, créé par l’Etat, vise à favoriser les bonnes pratiques : emballages plus recyclables, limitation du transport à vide ou encore réduction du bruit font partie des objectifs. Pour une industrie représentant 35% des émissions de gaz à effet de serre, l’enjeu est fort et représente une priorité<br> | |||
== Intégration nécessaire des TIC == | |||
« L’un des enjeux du moment n’est pas d’accepter une digitalisation inévitable mais plutôt d’arriver rapidement à rendre les technologies inter-opérables », déclare Élisabeth Charrier, déléguée régionale de la FNTR Ile-de-France. <br> | |||
L’intégration des TIC dans les entreprises de la logistique et du transport est axe stratégique et mobilisent l’ensemble des acteurs du secteur autour de trois technologies majeures : la blockchain, les API (Application Programming Interface qui désigne une interface de programmation) et la lettre de voiture électronique. <br> | |||
L’objectif consiste à établir ce dont l’ensemble de ces acteurs a besoin afin de favoriser l’interopérabilité des technologies. Il s’agit à terme de concevoir un tunnel de données sécurisé par une blockchain privée qui mutualisera l’accès aux données et permettra de créer des “ Smart Contracts ” pour automatiser la facturation, le suivi du règlement par la banque ou d’un dossier de litige avec les assurances. Cette normalisation des solutions digitales, facilitée par la blockchain, permettra aux multiples applications des transporteurs de fonctionner entre elles. Les échanges entre systèmes par API vont ainsi se multiplier, avec des temps de déploiements courts et des coûts inférieurs.<br> | |||
[[fichier:supply-p69a.png|350px]]<br> | |||
Face à la numérisation, des difficultés d’adéquation entre l’attente du client qui souhaite une traçabilité de son fret via une communication de data continue et celle du transporteur qui craint de divulguer trop d’informations sur son chargement ou de dévoiler son savoir-faire. La prise en compte que le digital ne modifie pas le rapport de force entre chargeurs et transporteurs mais modernise plutôt les échanges commerciaux. Hier il y avait le fax, puis l’EDI, ensuite le mail, demain les API. | |||
L’intégration de nouvelles technologies est dans l’ère du temps et elles permettent aux transporteurs d’optimiser leur activité et de mieux gérer la relation digitale avec leurs clients. Avec l’arrivée d’interfaces numériques multiples, les transporteurs, peu familiers des outils informatiques, doivent apprendre à identifier quels sont les bons fournisseurs de services selon leurs besoins. Et ils n’ont pas face à eux d’opérateurs capables de leur fournir une solution informatique unique répondant à l’ensemble de leur problématique. <br> | |||
== Plateformes d’intermédiation numérique == | |||
A côté des acteurs traditionnels des transports (transporteurs, commissionnaires de transport1 et bourses de fret2), de nouveaux acteurs, les plateformes numériques d’intermédiation, sont apparus en France en 2016. Ces plateformes visent à mettre directement en relation les clients chargeurs avec des transporteurs au travers d’une interface en ligne, en utilisant des méthodes de géolocalisation immédiate. Les trois principales plateformes d’intermédiation actives en France, au moment des pratiques, étaient Chronotruck, Fretlink et Everoad.<br> | |||
Au même moment, le secteur a aussi vu l’arrivée de nouveaux acteurs, comme Shippeo, éditant des logiciels de traçabilité. Ces opérateurs proposent des solutions technologiques permettant le suivi et la gestion de flottes de camions, sans intervenir dans les relations commerciales.<br> | |||
Avec le développement croissant des plateformes numériques servant d’intermédiaires entre les prestataires de transport et les clients, une nouvelle règlementation est mise en place afin de renforcer la confiance entre les différents acteurs et prévenir l’exercice illégal de la profession de transporteur routier.<br> | |||
Celle-ci concerne les activités de mise en relation dans les domaines du transport public routier collectif occasionnel de personnes (transport en autocar, etc.) et du transport routier de marchandises (livraison à domicile, transport de fret, etc.) et distingue 2 types de plateformes : | |||
• celles qui effectuent uniquement une prestation de mise en relation entre les transporteurs et les clients et qui n’interviennent pas dans la relation commerciale ; | |||
* celles qui interviennent dans la relation commerciale en définissant la prestation de transport, ses modalités d’exécution ou les tarifs. | |||
Pour la deuxième catégorie, une inscription à un registre national est obligatoire. Pour pouvoir effectuer cet enregistrement, les plateformes concernées devront disposer d’une garantie financière et satisfaire à une condition d’honorabilité professionnelle (ne pas faire l’objet de certaines condamnations par exemple).<br> | |||
Pour les plateformes n’intervenant pas dans les relations commerciales, une simple déclaration auprès de l’autorité administrative suffit.<br> | |||
En outre, ces nouvelles dispositions prévoient de nouvelles obligations qui varient en fonction du type de plateforme concernée et prévoient notamment : | |||
* une obligation pour ces plateformes de vérifier que les transporteurs ont bien le droit d’exercer cette activité (vérification des documents, du respect des règles d’accès à la profession, etc.) ; | |||
* une responsabilité concernant la bonne exécution de la prestation à l’encontre des plateformes intervenant dans la relation commerciale ; | |||
* des modalités de contrôle permettant d’assurer le respect de ces dispositions ; | |||
* un régime de sanctions en cas de non-respect des obligations (radiation au registre national, amende administrative, sanctions pénales, etc.).<br> | |||
D’un autre côté, une enquête a été ouverte à la suite d’une saisine du ministère de l’économie et des finances (DGCCRF), suivie par des opérations de visite et saisie en 2018. L’Autorité de la concurrence sanctionne aujourd’hui plusieurs acteurs du transport routier de marchandises (bourse de fret, groupements de transporteurs, organisations syndicales) pour avoir, entre fin juillet 2016 et fin février 2018, entravé l’arrivée et le développement de nouveaux acteurs du numérique proposant des services en lien avec la réalisation ou l’optimisation de la gestion des transports.<br> | |||
Le montant cumulé des sanctions infligées est de 500 000 euros. Les acteurs sanctionnés s’étaient entendus pour boycotter et appeler leurs adhérents au boycott des nouvelles plateformes numériques d’intermédiation et des logiciels pouvant permettre d’optimiser la réalisation des opérations de transport (traçabilité). <br> | |||
L’autorité de la concurrence a prononcé les sanctions suivantes (Décision 21-D-21 du 09 septembre 2021 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur du transport routier de marchandises) : | |||
{| class="wikitable" | |||
|+ Texte de la légende | |||
|- | |||
! Entreprise ou organisme !! Sanction (€) | |||
|- | |||
| Bourse Premium Professionnel, solidairement avec la société Holding Premium Professionnel || 350 000 | |||
|- | |||
| Evolutrans ||27 000 | |||
|- | |||
| Association des Transporteurs Européens ||50 000 | |||
|- | |||
|France Lots Organisation ||25 000 | |||
|- | |||
| | |||
Tred Union ||28 000 | |||
|- | |||
|Groupement d’Achats et de Services des Transports Routiers ||9 000 | |||
|- | |||
|Union Nationale des Organisations Syndicales des Transporteurs Routiers ||1 000 | |||
|- | |||
|Organisation des Transporteurs Routiers Européens ||10 000 | |||
|- | |||
!Total ||500 000 | |||
|} | |||
''Source : https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/'' |
Version actuelle datée du 2 janvier 2023 à 20:30
Accueil > LA LOGISTIQUE TRANSPORT > La Logistique Transport & TIC
Une digitalisation grandissante
Historiquement fragmenté, composé d’entreprises extrêmement variées et souvent de petite taille, le secteur du transport et de la logistique a connu une première vague de digitalisation au début des années 2000.
Celle-ci a impacté le pilotage des opérations de transport et de gestion des marchandises. Des plateformes innovantes ont alors été mises en place par un grand nombre d’acteurs du secteur afin d’accélérer le traitement des commandes et les aspects administratifs de celui-ci — notamment la douane. La plupart des supports physiques (courriers et fac notamment) ont été remplacés par des outils digitaux, améliorant la qualité et l’efficacité du dialogue entre intervenants de la chaîne logistique.
Une deuxième phase de digitalisation touche désormais le secteur, davantage centrée sur les processus et le traitement des données. Pour les intervenants de la chaîne, il s’agit à présent de fluidifier les étapes en interne et de garantir le traitement sans faille des données clients. Afin de répondre à une exigence client élevée, les entreprises du secteur doivent adopter des outils leur permettant de partager l’information. La connaissance de l’emplacement du colis en temps réel et la rapidité d’exécution sont des prérequis pour les consommateurs, désireux d’obtenir leur commande aussi rapidement que possible. Les données numériques doivent également permettre de garantir la sécurité des produits les plus sensibles et de booster la préparation des produits sans perdre en qualité.
Les promesses de livraison express, les stratégies omnicanales et l’évolution de la livraison en milieu urbain obligent aujourd’hui les entreprises du secteur à repenser entièrement leur stratégie, à la fois pour réduire des coûts en augmentation rapide, mais aussi pour se constituer une image qualitative dans un univers très concurrentiel. Pour maîtriser les flux de marchandises comme les flux de données, une digitalisation rapide est nécessaire. Les divers outils logiciels disponibles pour le secteur sont l’assurance de mieux optimiser processus et ressources et facilitent la communication entre des acteurs particulièrement nombreux. S’appuyant sur les outils digitaux et la robotique, les intervenants du secteur redoublent d’inventivité pour proposer des modes de livraison innovants et accélérer plus que jamais leurs cadences de préparation.
La logistique est devenue un pôle de compétitivité essentiel dans le monde avec l’émergence du e-commerce. L’« indice de performance logistique » de la France, tel qu’évalué par la Banque Mondiale, témoigne des nombreux défis que les entreprises françaises doivent aujourd’hui relever. Les questions de traçabilité, de respect des délais, de prix et d’écologie sont autant de points devenus essentiels pour répondre à de fortes attentes des clients finaux.
Les plateformes logistiques fonctionnent sur le principe d’une activité parfaitement rationalisée, une traçabilité des marchandises sans failles. Il est nécessaire d’optimiser les disponibilités des quais de chargement et de déchargement. Cela permet une gestion optimale des transporteurs selon les provenances et destination, etc.
La technologie s’est mise, depuis quelques années déjà, au service des transports routiers et de la logistique. Que ça soit pour l’entrepôt ou la plateforme logistique, les logisticiens font aujourd’hui appel aux logiciels de gestion. On compte notamment les WMS, WCS, ou encore TMS. Cela permet non seulement de rendre plus efficaces les opérations, mais aussi d’optimier la gestion de l’ensemble des références et des flux.
L’un des rôles essentiels de ces logiciels est de permettre l’accès, en temps réel, à toutes les informations disponibles concernant une marchandise devant laquelle on se trouve. Le second rôle tout aussi essentiel est d’effectuer des calculs d’optimisation que l’humain ne saurait pas faire faute de temps et/ou de compétence.
Grâce à ces systèmes, il est possible de créer des modèles de fonctionnements optimaux, imaginer la meilleure gestion des flux en fonction de la réalité à l’instant T sur la plateforme logistique ou anticiper les flux grâce à des modèles prédictifs, mais aussi automatiser certaines fonctions et certains outils mécanisés.
Grâce à leur rapidité et leur fluidité tout au long du processus, les plateformes logistiques sont la clé de la performance et de la satisfaction clients. En traitant plus rapidement les commandes, l’entreprise améliore son activité, ses volumes, sa performance et sans nul doute sa rentabilité. À la clé de la mise en place d’une plateforme logistique : des délais de livraison optimum, la préservation de la qualité et de l’intégrité des marchandises. Et donc une satisfaction client maximale. N’oubliez pas que la livraison est la dernière étape pour le client, et un client satisfait sera enclin à renouveler ses achats, ou à en parler autour de lui.
La digitalisation progresse à grands pas - et le secteur du transport et de la logistique ne fait pas exception. À cela s'ajoute la nécessité de prendre des décisions pertinentes et précises dans un contexte marqué par les incertitudes. Pour mener à bien une transformation digitale, il est important de faire preuve de flexibilité, d'agilité et de transparence afin de pouvoir répondre de manière adaptée aux nouveaux besoins des clients.
Colonne vertébrale de bon nombre de secteurs d’activité, le transport et la logistique doivent relever des défis uniques, dont celui de se moderniser rapidement pour être en capacité d’anticiper sans cesse les évolutions futures. La crise sanitaire a joué un rôle de catalyseur dans cette course à la transformation digitale : les acteurs de la logistique doivent maintenant stabiliser leurs opérations dans un contexte bouleversé et se positionner de manière compétitive pour l'avenir.
L’une des clés d’adaptation passe par la digitalisation pour, notamment :
- Numériser les processus d'entreprise
- Apporter de la transparence dans les chaînes d'approvisionnement
- Moderniser les systèmes informatiques et les préparer pour le futur
- Effectuer des analyses fiables grâce à l'intelligence artificielle (IA)
- Tirer parti des avantages de la robotique
En tout état de cause, tous ces éléments conduisent à la logistique 4.0, c'est-à-dire à la mise en réseau et à l'interconnexion des différents systèmes de l'industrie. Une utilisation optimale des technologies de l'information et de la communication (TIC), par exemple, permet de gagner en efficacité grâce à l'automatisation et à une transparence accrue. La logistique 4.0 est une réponse à l'industrie 4.0.
Les enjeux de la digitalisation
La logistique doit faire face à l’optimisation des processus d’acheminement des produits, afin de gagner en efficacité et de réduire les temps d’approvisionnement, et au conditionnement de manière adaptée la marchandise, pour s’assurer que les marchandises profitent des conditions de stockage adaptées pour être conservées en bon état jusqu’à la livraison au client. Elle doit également faire face à la conservation des matières premières ou produits finis le temps nécessaire, en ayant une bonne gestion des stocks et des flux pour disposer de la place suffisante au sein des sites de stockage.
Elle doit être en mesure d’accéder rapidement aux produits pour les mettre rapidement à disposition en cas de commande, en automatisant les systèmes et en utilisant des moyens techniques de qualité.
Les grands enjeux du transport et de la logistique sont multiples.
- Gérer l’accélération des flux physiques
L’e-commerce fait émerger de nouveaux enjeux de logistique et de transport. Plus nombreuses, les commandes requièrent tout autant de qualité pour satisfaire des clients en quête de rapidité. Afin de faire face à des flux de marchandises inédits, les entreprises doivent être en mesure de moderniser leurs entrepôts, de numériser davantage leurs données et d’exploiter les analyses prédictives de leurs outils pour limiter les erreurs.
Les flux se complexifient également avec des problématiques telles que la gestion des retours, ou reverse logistic. La bonne orientation des commandes est cruciale pour éviter les surcoûts et les efforts superflus. L’enjeu est donc de choisir les bons outils logiciels pour ne pas être débordé.
- Maîtriser les flux d’informations
Les opérations de logistique et de transport impliquent l’intervention de plusieurs entreprises partenaires, entre lesquelles la communication doit être fluide et efficace pour garantir un bon traitement des commandes. Cet enjeu est particulièrement fort à une période où les entreprises les plus jeunes et connectées s’appuient sur la robotique et l’intelligence artificielle (IA) pour maîtriser seules l’ensemble de la chaîne logistique.
Pour les autres, la digitalisation doit se mettre au service de l’échange d’information. Si l’Echange de Données Informatisé, massivement employé jusqu’à présent, facilite le transfert d’informations entre commerçants et transporteurs, de nouveaux dispositifs plus innovants apparaissent. Ceux-ci permettent un accès direct par les transporteurs aux flux d’information des commerçants, assurant un traitement plus rapide des commandes et un taux d’erreur moindre. Pour les entreprises du secteur, il est essentiel d’exploiter les outils numériques récents dans ce sens.
- Une option de livraison pour chaque client
Les consommateurs sont désormais habitués à disposer d’un grand nombre d’options lors de la livraison de leur colis. Le choix d’un mode de livraison pratique est d’ailleurs l’un des critères essentiels de satisfaction client. Retrait en magasin, en point relais, à domicile sont autant de possibilités que les entreprises doivent aujourd’hui être en mesure de proposer pour répondre aux exigences pratiques et économiques des clients finaux. Ces nombreux canaux de livraison doivent être pensés intelligemment et s’intégrer à une stratégie globale. Entre frais de livraison, délais d’envoi et gestion des retours, il s’agit de satisfaire — et par là même, de fidéliser — un maximum de clients.
- Une exigence de traçabilité et de transparence
Le suivi du transport est désormais soumis à des contraintes d’information en temps réel. Pour certains secteurs plus sensibles en particulier — parmi lesquels l’industrie pharmaceutique ou l’agroalimentaire —, le traitement des marchandises s’accompagne d’obligations administratives rigoureuses. Les entreprises de logistique et de transport doivent être capables de garantir le parfait traitement des produits, d’offrir un suivi de chaque étape en temps réel tout en conservant une efficacité maximale. Confronté aux contraintes d’industries très spécifiques et hétérogènes, le secteur doit s’adapter et concilier de nombreuses applications différentes tout en limitant les erreurs.
- Un enjeu de réduction de la pollution
Dans un contexte d’accroissement des volumes transportés, les entreprises du secteur doivent s’inscrire dans une démarche aussi écologique que possible. La notion de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et sa norme ISO 26 000 imposent une approche plus durable, parfois complexe à mettre en place pour les entreprises du secteur. Un référentiel spécifique au secteur, créé par l’Etat, vise à favoriser les bonnes pratiques : emballages plus recyclables, limitation du transport à vide ou encore réduction du bruit font partie des objectifs. Pour une industrie représentant 35% des émissions de gaz à effet de serre, l’enjeu est fort et représente une priorité
Intégration nécessaire des TIC
« L’un des enjeux du moment n’est pas d’accepter une digitalisation inévitable mais plutôt d’arriver rapidement à rendre les technologies inter-opérables », déclare Élisabeth Charrier, déléguée régionale de la FNTR Ile-de-France.
L’intégration des TIC dans les entreprises de la logistique et du transport est axe stratégique et mobilisent l’ensemble des acteurs du secteur autour de trois technologies majeures : la blockchain, les API (Application Programming Interface qui désigne une interface de programmation) et la lettre de voiture électronique.
L’objectif consiste à établir ce dont l’ensemble de ces acteurs a besoin afin de favoriser l’interopérabilité des technologies. Il s’agit à terme de concevoir un tunnel de données sécurisé par une blockchain privée qui mutualisera l’accès aux données et permettra de créer des “ Smart Contracts ” pour automatiser la facturation, le suivi du règlement par la banque ou d’un dossier de litige avec les assurances. Cette normalisation des solutions digitales, facilitée par la blockchain, permettra aux multiples applications des transporteurs de fonctionner entre elles. Les échanges entre systèmes par API vont ainsi se multiplier, avec des temps de déploiements courts et des coûts inférieurs.
Face à la numérisation, des difficultés d’adéquation entre l’attente du client qui souhaite une traçabilité de son fret via une communication de data continue et celle du transporteur qui craint de divulguer trop d’informations sur son chargement ou de dévoiler son savoir-faire. La prise en compte que le digital ne modifie pas le rapport de force entre chargeurs et transporteurs mais modernise plutôt les échanges commerciaux. Hier il y avait le fax, puis l’EDI, ensuite le mail, demain les API.
L’intégration de nouvelles technologies est dans l’ère du temps et elles permettent aux transporteurs d’optimiser leur activité et de mieux gérer la relation digitale avec leurs clients. Avec l’arrivée d’interfaces numériques multiples, les transporteurs, peu familiers des outils informatiques, doivent apprendre à identifier quels sont les bons fournisseurs de services selon leurs besoins. Et ils n’ont pas face à eux d’opérateurs capables de leur fournir une solution informatique unique répondant à l’ensemble de leur problématique.
Plateformes d’intermédiation numérique
A côté des acteurs traditionnels des transports (transporteurs, commissionnaires de transport1 et bourses de fret2), de nouveaux acteurs, les plateformes numériques d’intermédiation, sont apparus en France en 2016. Ces plateformes visent à mettre directement en relation les clients chargeurs avec des transporteurs au travers d’une interface en ligne, en utilisant des méthodes de géolocalisation immédiate. Les trois principales plateformes d’intermédiation actives en France, au moment des pratiques, étaient Chronotruck, Fretlink et Everoad.
Au même moment, le secteur a aussi vu l’arrivée de nouveaux acteurs, comme Shippeo, éditant des logiciels de traçabilité. Ces opérateurs proposent des solutions technologiques permettant le suivi et la gestion de flottes de camions, sans intervenir dans les relations commerciales.
Avec le développement croissant des plateformes numériques servant d’intermédiaires entre les prestataires de transport et les clients, une nouvelle règlementation est mise en place afin de renforcer la confiance entre les différents acteurs et prévenir l’exercice illégal de la profession de transporteur routier.
Celle-ci concerne les activités de mise en relation dans les domaines du transport public routier collectif occasionnel de personnes (transport en autocar, etc.) et du transport routier de marchandises (livraison à domicile, transport de fret, etc.) et distingue 2 types de plateformes : • celles qui effectuent uniquement une prestation de mise en relation entre les transporteurs et les clients et qui n’interviennent pas dans la relation commerciale ;
- celles qui interviennent dans la relation commerciale en définissant la prestation de transport, ses modalités d’exécution ou les tarifs.
Pour la deuxième catégorie, une inscription à un registre national est obligatoire. Pour pouvoir effectuer cet enregistrement, les plateformes concernées devront disposer d’une garantie financière et satisfaire à une condition d’honorabilité professionnelle (ne pas faire l’objet de certaines condamnations par exemple).
Pour les plateformes n’intervenant pas dans les relations commerciales, une simple déclaration auprès de l’autorité administrative suffit.
En outre, ces nouvelles dispositions prévoient de nouvelles obligations qui varient en fonction du type de plateforme concernée et prévoient notamment :
- une obligation pour ces plateformes de vérifier que les transporteurs ont bien le droit d’exercer cette activité (vérification des documents, du respect des règles d’accès à la profession, etc.) ;
- une responsabilité concernant la bonne exécution de la prestation à l’encontre des plateformes intervenant dans la relation commerciale ;
- des modalités de contrôle permettant d’assurer le respect de ces dispositions ;
- un régime de sanctions en cas de non-respect des obligations (radiation au registre national, amende administrative, sanctions pénales, etc.).
D’un autre côté, une enquête a été ouverte à la suite d’une saisine du ministère de l’économie et des finances (DGCCRF), suivie par des opérations de visite et saisie en 2018. L’Autorité de la concurrence sanctionne aujourd’hui plusieurs acteurs du transport routier de marchandises (bourse de fret, groupements de transporteurs, organisations syndicales) pour avoir, entre fin juillet 2016 et fin février 2018, entravé l’arrivée et le développement de nouveaux acteurs du numérique proposant des services en lien avec la réalisation ou l’optimisation de la gestion des transports.
Le montant cumulé des sanctions infligées est de 500 000 euros. Les acteurs sanctionnés s’étaient entendus pour boycotter et appeler leurs adhérents au boycott des nouvelles plateformes numériques d’intermédiation et des logiciels pouvant permettre d’optimiser la réalisation des opérations de transport (traçabilité).
L’autorité de la concurrence a prononcé les sanctions suivantes (Décision 21-D-21 du 09 septembre 2021 relative à des pratiques mises en œuvre dans le secteur du transport routier de marchandises) :
Entreprise ou organisme | Sanction (€) |
---|---|
Bourse Premium Professionnel, solidairement avec la société Holding Premium Professionnel | 350 000 |
Evolutrans | 27 000 |
Association des Transporteurs Européens | 50 000 |
France Lots Organisation | 25 000 |
Tred Union ||28 000 | |
Groupement d’Achats et de Services des Transports Routiers | 9 000 |
Union Nationale des Organisations Syndicales des Transporteurs Routiers | 1 000 |
Organisation des Transporteurs Routiers Européens | 10 000 |
Total | 500 000 |